La poule Chantecler est peut-être celle qu’il vous faut
Adopter des poules dans l’objectif de profiter de leurs œufs, voilà qui est tentant, surtout depuis que les municipalités adoptent des règlements autorisant les poulaillers en milieu urbain. Sachez que la poule Chantecler, race patrimoniale québécoise, est la plus adaptée à notre climat.
Créée par croisement, en 1919, par le frère Wilfrid, moine trappiste de l’Abbaye d’Oka, la poule Chantecler a toutes les caractéristiques pour résister à notre climat. C’est notre seule et unique race de poule québécoise, officiellement reconnue par la Loi sur les races animales du patrimoine agricole du Québec.
Poule au plumage blanc, elle a une toute petite crête rouge et pas de barbillon, donc moins de risques d’engelure par les grands froids. C’est une bonne pondeuse, même en hiver, et elle peut aussi être élevée pour sa chair. Ses oeufs au jaune presque orangé, sont riches et crémeux. Toute une différence d’onctuosité dans la quiche!
Très populaire jusqu’au milieu du XXe siècle dans les fermes familiales, la Chantecler a peu à peu été délaissée, ne correspondant pas aux critères des élevages industriels. Selon David Auclair, président de l’Association québécoise de la volaille Chantecler (AQVC), il y aurait à peine 1500 individus de race enregistrés. Choisir de l’adopter plutôt qu’une autre pourrait contribuer à la sauvegarde de la race, mais pas à n’importe quel prix, explique-t-il.
«C’est certain que si les gens adoptent des poules Chantecler pour les abandonner ou les tuer à l’automne, on n’est pas plus avancé. L’idéal est qu’elles puissent se reproduire.»
Afin de soutenir la reproduction et favoriser le suivi génétique, l’AQVC est justement en train d’élaborer un outil en ligne qui sera accessible à tous les amateurs de poules Chanteclerc. Ainsi, il sera possible de connaître le pedigree et les caractéristiques de chacun des individus enregistrés.
Des conseils pour élever la poule Chantecler
Mélanie Gagné, de la Ferme Triple G dans Lanaudière, est passionnée des races patrimoniales. En plus de la volaille Chantecler, elle élève aussi des vaches Canadiennes et des chevaux Canadiens, les deux autres races patrimoniales québécoises.
Selon elle, la poule Chantecler est idéale pour les poulaillers urbains. «La Chantecler est tellement facile à garder. C’est une poule d’hiver à la base. Pas besoin d’avoir un poulailler isolé ou chauffé, elles sont faites pour le froid. Il suffit d’avoir un abreuvoir chauffant ou une lampe chauffante pour que leur eau ne gèle pas, ou alors on va changer l’eau deux fois par jour. Il fait la même température que dehors dans mon poulailler, et mon cheptel se porte très bien!»
L’important est de leur fournir de la nourriture à volonté par les grands froids, afin qu’elles compensent leurs pertes énergétiques, dit Mélanie Gagné. «Contrairement aux autres poules pondeuses, c’est une poule qu’on élève aussi pour sa chair, donc elle est forte, ça la protège contre le froid. Même chose pour son plumage qui est très serré au corps.»
Les maladies sont très rares, tout comme la mortalité chez les poussins. «Comparé aux autres, c’est le jour et la nuit.» Pour en apprendre davantage sur l’élevage, Mélanie Gagné suggère de parler directement à des éleveurs.
Au moment de choisir la Chantecler, la facilité ne doit pourtant pas être le seul critère. «J’aurais envie de dire aux gens que posséder ce type de poules vient avec la responsabilité de protéger la race. Il y a tellement peu d’individus, il ne faut pas les croiser avec d’autres poules. Il y en a trop peu pour se permettre de faire ça. C’est notre patrimoine vivant», ajoute Mélanie Gagné.
Pour plus d’information sur la poule Chantecler ou contribuer à la campagne de levée de fonds dédiée au financement de l’outil de suivi génétique: